Tous les couples connaissent des moments orageux. Mais quand les disputes se multiplient, que l’on n’arrive plus à se parler sans crier, que l’on critique l’autre sans cesse, la situation semble parfois sans solution… à l’exception de la séparation. Avant d’en arriver là, certains osent pousser la porte d’un cabinet pour se lancer dans une thérapie de couple. Un travail à faire à deux, mais aussi sur soi-même, qui sauve bien des histoires d’amour.
Les raisons de la consultation
« Les couples viennent me voir car ils se parlent avec de grandes difficultés, ont du mal à se comprendre, voire ne communiquent plus du tout », indique Alice de Lara, thérapeute de couple*. Les raisons sont variées. « Cela peut être le résultat d’une baisse de la libido qui s’est installée, une mauvaise répartition des tâches ménagères dont l’un des deux souffre, l’arrivée d’un bébé qui chamboule la place de chacun, une infidélité répétée, ou encore une retraite mal vécue, quand le couple se retrouve ensemble en permanence », ajoute la thérapeute. « Les difficultés rencontrées peuvent être liées à un problème du couple ou à un souci qui concerne l’un des partenaires, mais qui impacte sa relation avec son conjoint, fait remarquer Christine Toth, psychologue et psychothérapeute**. Pour le résoudre, je conseille parfois de se lancer dans une thérapie individuelle, afin que le couple ne pâtisse plus des problèmes personnels de l’un. D’autres fois, une thérapie à deux suffit pour travailler sur la communication à l’intérieur du couple. »
Un thérapeute arbitre et médiateur
Le but du professionnel est de rétablir un dialogue, en écoutant les deux parties et en facilitant la communication. En toute neutralité, tel un arbitre, il joue les médiateurs pour traduire les propos de chacun et décrypter les mécanismes qui régissent le fonctionnement de la vie de couple. « En plus de leur problème présent, je cherche dans les événements passés, la famille, l’enfance, la vie sentimentale, ce qui a pu générer de l’amertume, du chagrin, de la rancœur », détaille Alice de Lara. « Mon rôle de thérapeute est de trouver les failles de chacun qui, en ressortant dans la vie à deux, empêchent le couple d’être heureux, indique Christine Toth. Chacun parle, puis j’explique avec mes mots ce qui vient d’être dit. Pour se parler et répondre, mes patients passent par moi, ce qui évite les cris, les portes qui claquent ou l’énervement. » À chaque fois, le temps de parole est réparti équitablement, afin qu’aucun des deux ne se sente lésé.
Démêler l’histoire de chacun et celle du couple
Le premier rendez-vous permet d’aborder le ressenti des deux protagonistes sur la crise, en demandant à chacun les raisons de leur présence : ce qui les peine, ce qui leur cause du chagrin, ce qui les énerve… Un moyen de rentrer directement dans le vif du sujet. Cela aide les deux conjoints à dire ce qu’ils ont sur le cœur et à se sentir plus légers. Pour faire comprendre à chacun ce que ressent l’autre, le thérapeute peut utiliser des jeux de rôles, en faisant rejouer une dispute par exemple, demander aux patients de coucher sur papier leurs sentiments, ou encore les filmer pour qu’ils prennent conscience de leur attitude et de leur langage. La phase suivante consiste à dresser un état des lieux du couple puis à comprendre quelle est l’origine du conflit, en démêlant l’histoire de chacun et celle du couple. Il faut creuser, reconstituer le passé des deux conjoints, comprendre leur caractère, leur enfance, leur parentalité…
« Une femme qui a peur du conflit, et qui ne supporte pas que son mari hausse le ton, découvrira par exemple que ses cris la terrorisent parce que ses parents se disputaient souvent, raconte Alice de Lara. Une autre, qui reproche à son mari de ne pas assez être attentionné, comprendra que c’est parce qu’elle avait l’habitude d’être traitée comme une princesse par son père, qu’elle ne supporte pas que son mari ne fasse pas de même. » Mettre en lumière des événements de l’enfance, le rôle des parents, la place dans la famille, donne un nouvel éclairage sur le fonctionnement actuel du couple.
Un investissement nécessaire
Il est primordial que les deux jouent le jeu : il faut oser se livrer, plonger dans son passé, quitte à raviver des souvenirs ou des expériences difficiles. « Parfois, ceux qui viennent en traînant des pieds, poussés par leur moitié, sont ensuite les plus motivés », raconte Alice de Lara. La raison ? Ils se sentent compris, réalisent que le thérapeute n’est pas là pour les juger mais pour les aider. « Quand la crise est très grave, je préfère recevoir les patients l’un après l’autre avant le premier rendez-vous à trois, indique Christine Toth. Ils peuvent ainsi décharger leur rancœur et se sentir écouté, avant d’en parler ensemble. » Le travail effectué en thérapie permet de retrouver l’attachement et l’amour que le couple ne voyait plus : ces sentiments étaient trop entachés par les difficultés et la rancœur. « Mon travail consiste à valoriser ce qui les rassemble, ce qu’ils ont construit, leur complicité, leurs points communs, les valeurs qu’ils partagent », souligne Alice de Lara. « La thérapie de couple aide à se débarrasser de son impulsivité d’enfant pour communiquer avec son libre arbitre d’adulte, sans être conditionné par ses failles anciennes. » De quoi regarder différemment son partenaire, réapprendre à écouter et à se parler. Dans la plupart des cas, une fois le conflit résolu, l’amour peut être sauvé. Généralement, entre 10 et 12 séances suffisent pour effectuer le travail nécessaire. Dans d’autres cas, la thérapie scelle la fin de l’histoire : en dressant un bilan, en se confiant, il arrive qu’un couple réalise que leurs routes doivent se séparer. Malgré tout, le bilan reste positif car chacun comprend que cela ne peut plus continuer. « Les couples qui se séparent en fin de thérapie le font sans rancœur car ils en connaissent les raisons, explique Alice de Lara. Cela évite bien des disputes et permet de se quitter dans de bonnes conditions. »
Quand consulter ?
« Mieux vaut ne pas laisser le conflit s’installer et consulter quand la crise commence à rendre la communication difficile, préconise Alice de Lara. Le risque, en attendant trop longtemps, est de s’éloigner et d’avoir du mal à recoller les morceaux. » Pour Christine Toth, les couples ne peuvent pas gérer seuls une crise importante qui cache souvent d’autres problèmes, plus profonds. « Je recommande de consulter quand l’un des deux va mal : en amour, il n’y a pas de raison d’être malheureux. »
3 conseils pour un couple heureux
- Ne restez jamais fâchés trop longtemps : réconciliez-vous, quitte à ce que les deux fassent des efforts. N’attendez pas des heures ou des jours avant de faire la paix.
- Parlez à votre moitié avec gentillesse, respect et sans donner d’ordre, en toute circonstance. Exprimez-vous comme vous le feriez avec votre médecin !
- Ayez des projets régulièrement, même petits, comme un intérieur à aménager, des vacances à planifier… Cela donne de la vie au couple.
* conseilconjugal.com
** psyparis.monsite-orange.fr
A lire également :
- Quel est le secret d’une relation de couple équilibrée ?
- 8 signes qui prouvent que votre couple bat de l’aile
- Comment parler de sexualité dans son couple ?
