À l’âge de 13 ans, 84 % des filles ne savent pas représenter leur sexe — alors que plus de la moitié sait dessiner un pénis —, et une fille de 15 ans sur quatre ne sait pas qu’elle a un clitoris. Ces chiffres étonnants, extraits d’un rapport du Haut Conseil à l’égalité datent de… 2016 ! Autant dire que ce qui se trouve entre nos cuisses est finalement très mal connu des principales intéressées. Préjugés, erreurs, idées fausses, approximations à la pelle : notre « intimité féminine » reste souvent mystérieuse, y compris pour nous ! Enfin, elle l’était, car après l’explosion d’ouvrages sur notre abdomen (et le microbiote qui le compose), voici qu’une déferlante de livres palpitants vient, enfin, nous éclairer et surtout, nous donner des informations concrètes, utiles. L’intérêt ? Mieux se connaître bien sûr, mais aussi déculpabiliser, se rassurer, accéder plus facilement au plaisir, et mieux prendre soin de soi !
Microbiote vaginal : une flore à chouchouter
Si on a abondamment parlé du microbiote situé au cœur de notre système digestif, on n’aborde rarement celui « d’en bas », à savoir notre flore vaginale. Et pourtant ! Déséquilibrée, elle ouvre la porte aux mycoses, vaginoses, cystites, aux MST. On traite donc son intimité avec respect… et douceur !
D’indispensables bactéries
100 millions à un milliard de bactéries par millilitre de sécrétions composent notre flore vaginale. Il s’agit essentiellement de lactobacilles protecteurs dont on compte au moins 200 types. Cette flore évolue naturellement au fil des ans, mais aussi du cycle hormonal, de la sexualité, l’alimentation, la contraception, l’hygiène intime… et même le stress ! Les lactobacilles acidifient le milieu (pH entre 3,5 et 4,5) et fabriquent de l’acide lactique (en transformant le sucre présent), empêchant ainsi un bon nombre de germes de prospérer. Le pH augmente (pendant les règles par exemple) et les bactéries se raréfient ? C’est la porte ouverte aux germes… et souvent à la vaginose. Le bon réflexe ? Des probiotiques ! Ils sont particulièrement utiles à la ménopause car le nombre de lactobacilles chute naturellement (10 à 100 fois moins qu’avant), ce qui explique bon nombre de désagréments comme l’atrophie de la muqueuse vaginale, la sécheresse et les inconforts ou douleurs qui leur sont liés. L’idéal ? Commencer dès la préménopause (avec des produits à base de Lactobacillus Crispatus, préventifs de ces troubles).
Trop d’hygiène fusille la flore
Les douches vaginales sont formellement déconseillées (y compris après un rapport) : le vagin est, en effet, auto-nettoyant grâce au mucus, et le récurer peut provoquer irritations, mycoses et vaginoses. On nettoie juste extérieurement, de la vulve à l’anus et jamais plus de deux fois par jour, ni avec un antiseptique, ni un savon de Marseille ou un gel douche mais un produit adapté hydratant, dit « syndet » en pain ou liquide (type Saforelle soin lavant doux, Lactacyd, Saugella…). Exit également les lingettes, déodorants intimes, protège-slip, et l’épilation intégrale car la pilosité est protectrice de cette zone fragile. L’odeur n’est jamais désagréable. Chaque femme a d’ailleurs sa « signature olfactive », déterminée par les glandes externes et internes, qui se modifie avec l’âge et le cycle, tout en restant personnalisée.
Le sexe est « bon pour la flore »
La lubrification due à l’excitation est bénéfique pour la muqueuse vaginale, qui garde ainsi son moelleux et se protège mieux des microbes. À la ménopause, cesser les relations sexuelles accentue d’ailleurs l’atrophie vaginale, et en l’absence de partenaire, il est même recommandé de s’offrir un sex-toy. Toutefois, quand on change de compagnon de jeux — le pénis ayant semble-t-il un microbiote « personnel » — cela modifie l’écosystème local. Le pH s’élève de façon transitoire lors du contact avec le sperme, avant que les lactobacilles le rééquilibrent, en 30 minutes environ, avec parfois un temps d’adaptation… et de potentiels déséquilibres de la flore, qui aime ses petites habitudes.
Inconfort, il faut réagir bien !
Mycose, cystite, vaginose ? Autant de maux fréquents pour lesquels mieux vaut consulter, afin d’être sûre du diagnostic et du traitement car on se trompe souvent : l’autodiagnostic de mycose n’est exact que dans un cas sur trois ! Dans tous les cas, on peut prendre en complément des probiotiques adaptés, idéalement par voie vaginale : Lactobacillus crispatus en cas de vaginose, Lactobacillus rhamnosus utile contre les mycoses récidivantes, Lactobacillus plantarum efficace à la fois contre vaginose, mycose et cystite.
À lire pour aller plus loin :
Microbiote vaginal, la révolution rose, du docteur Jean-Marc Bohbot et Rica Etienne, éditions Marabout.
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