La routine sexuelle s’installe vite, avec son bonnet de nuit. Pour voguer jusqu’aux noces de platine dans la joie et le plaisir, il faut au couple de la surprise côté galipettes. Le ronron, la banalité, on le sait désormais, c’est l’anti-chambre de l’infidélité et des ennuis. Un constat que la sociologue Janine Mossuz Lavau, rapporte dans son enquête(1), avec cette difficulté : comment saupoudrer de la fantaisie dans les ébats conjugaux, avouer un fantasme un peu limite, susurrer des mots crus, proposer des alternatives ? À chacun ses envies, selon sa sensibilité, son expérience, sa curiosité. Quelques pistes pour y aller crescendo et surprendre sa moitié sans l’effrayer.
Présenter la nouveauté sous forme de jeu
Pas facile d’ébouriffer les habitudes d’un couple établi, sans éveiller des soupçons tels que « tiens, elle a appris ça où ? Avec qui ? ». Pas simple non plus de partager un fantasme de triolisme sans passer pour une érotomane. Le mieux est d’avancer à froid, sous couvert de jeu, de défi à relever. À la salle de bains, en se lavant les dents, on peut lancer une perche, donner l’idée d’un défi : « chiche, chéri, on ferait un câlin dans l’ascenseur » ? Autre piste, une liste, une devinette : « écris-moi trois de tes fantasmes, j’en liste aussi trois et après, on compare, on accorde ». Ainsi, on prend le temps de voir jusqu’où l’autre veut bien aller. Car si on balance un désir foufou pendant les préliminaires (« attache-moi, voilà les menottes »), on joue quitte ou double : soit notre moitié adore l’effet de surprise, soit il/elle déguerpit. Fini le temps où les demandes extravagantes venaient toujours de monsieur. Selon Janine Mossuz-Lavau, « nous nous dirigeons vers l’indifférenciation des genres » et l’intérêt pour les pratiques banalisées par le porno (sexe en extérieur, sodomie…) bascule désormais du côté féminin.
Changer de rôle, montrer une autre facette de soi
Rien de pire que cette impression de rôle attribué une fois pour toutes, comme la place dans le lit, madame à gauche, monsieur à droite. On ne connaît jamais tout à fait l’autre, fort heureusement. Par texto, on s’envoie habituellement des émoticones ? Bien, sauf qu’un cœur ou un smiley, cela n’a jamais dynamisé la libido de personne. Pas plus sexy le texto « j’ai pensé à toi en regardant la lune ». On ne passe pas du jour au lendemain à un « naked selfie » ou « sexy pic », gros plan sur une zone intime, surtout si notre moitié a le cœur tendre et fragile. « Le désir est d’autant plus fort qu’il s’alimente à la transgression » commente Janine Mossuz Lavau. L’interdit, l’amoral sont chargés en érotisme. On peut envoyer à son homme la photo du décolleté avec ce mot « tu veux que j’enlève le haut » ? Rien de plus excitant que de recevoir une photo éloquente en pleine réunion de travail. Même chose côté femmes : un zoom sur un détail de lui coquin peut nous mettre la tête à l’envers. Avec un peu d’entraînement, on devient plus canaille. « Certaines personnes ont besoin d’une mise en scène, d’une préparation de soi susceptible de les rendre désirables », reprend la sociologue. Nous voilà mûrs pour jouer aux inconnus dans un train. Il monterait à Dijon, nous à Lyon. Il s’installerait à côté d’une brune fatale (nous), engagerait la conversation. Mine de rien, on rejoue la partition des débuts, quand on était dans la séduction, le désir et que l’on avait pas encore enclenché le pilote automatique dans le couple.
Trouver de l’inédit pour les deux
On a vécu quelques expériences avant de convoler ensemble. Mais ce n’est jamais agréable pour l’autre de savoir que l’on a déjà fait le tour du sujet. Cela peut vite ressembler à du réchauffé, du copié-collé. Il faut parfois faire semblant de lui donner la primeur, en lui assurant que telle position acrobatique, on veut la tester pour l’avoir vue sur Pinterest, pas obligée de confesser qu’on l’a déjà expérimentée avec son prédécesseur. Et on y ajoute le détail qui fait la différence ; on n’avait jamais joué à ça dans la douche. Il y a toujours une première fois en amour, il suffit de chercher. Tout est possible pourvu que les deux soient enthousiastes et que le scénario ne soit pas figé. Mais le nouveau tabou, selon la sociologue, c’est l’absence de relation sexuelle. Un quart des couples n’en auraient plus et n’oseraient même pas en parler.
(1) La vie sexuelle en France, comment s’aime-t-on aujourd’hui ? (Éditions de la Martinière).
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- Les douze lois universelles du bonheur amoureux et sexuel (Robert Laffont), de Pascal de Sutter et Julie du Chemin, sexologues.
- Des idées à trouver sur : pascaldesutter.fr
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