Pour certains, le polyamour est un moyen sûr de briser la routine et de pimenter la monogamie. Comment appréhender cette pratique amoureuse ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir.
Après l’infidélité et les relations libres, voici qu’arrive le polyamour. Pour les néophytes, il s’agit du fait d’aimer plusieurs personnes en plus de son conjoint, et sans que ce dernier y voit une objection. Cependant, pour pratiquer le polyamour, il est important de savoir faire preuve d’une transparence absolue et ne pas réclamer de relations exclusives. En clair, la femme et son conjoint sont libres de faire l’amour à d’autres.
La réalisatrice Isabelle Broué s’est servie de ce sujet pour préparer une comédie documentaire avec des interviews, le tout réalisé grâce à des financements participatifs. Lutine, son œuvre, est prévue pour 2017. L’histoire met en avant la relation amoureuse d’Isabelle et de Gael. Elle aime passionnément ce dernier, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle est également amoureuse de Philippe. Les choses suivent leur cours et Isabelle se retrouve sans Gael et sans Philippe. Cette réalisation met l’accent sur les désirs secrets, les limites et ce que l’autre comprend de la relation. En somme, le polyamour est une solution contre l’infidélité et le divorce. Les notions d’ex et les divers problèmes liés à la rupture n’ont plus lieu d’être. Seul compte le bonheur ressenti avec les anciens et les nouveaux amours. Petit bémol à la situation, il est compliqué de trouver des personnes prêtes pour ce type de relation.
Comme dans toute histoire d’amour, il faut tenir compte de ses états d’âme et de celles des autres tout en jonglant avec la jalousie et l’égo de chacun. Le fond du film résume bien la situation : plus on est de fous, plus il y a de problèmes. Vincent Estellon dissèque pour vous la situation. Ce psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique et auteur vous explique les limites et la sexualité addictive souvent cachée du polyamour.
Les hommes sont vraiment plus « poly » que les femmes ?
La testostérone pousse-t-elle les hommes à devenir polyamoureux, polysexuels ou plus simplement polygames ? La peur de l’engagement pousse souvent la gent masculine à se tourner vers ce type de situation amoureuse, car il leur est difficile de renoncer aux autres femmes. Grâce au polyamour, ils peuvent réaliser l’un des plus grands fantasmes masculins : avoir son propre harem. Cette possibilité dégagée de toute notion de culpabilité doit cependant être réciproque pour que la situation soit acceptable pour les deux parties. Néanmoins, le fait de savoir sa compagne avec un autre est assez difficile pour les hommes. Ainsi, le polyamour est plutôt une affaire féminine. Si les femmes arrivent à parler de leurs besoins avec leurs amies, pourquoi ne pas le faire avec leur conjoint ?
Il est plus jouissif de partager ses envies et ses désirs pour un autre homme avec son conjoint avant un rendez-vous, puis de retrouver ce dernier pour un câlin du soir. Si cette situation convient aux femmes, le sexe opposé lui préfère l’infidélité. Cela lui permet d’avoir le beau rôle devant les autres tout en ayant le privilège de s’offusquer du comportement de sa compagne.
Pourquoi on est « poly » ou « mono » ?
Les tendances sexuelles prennent leurs racines dans la petite enfance. Freud abordait déjà le concept de polyamour ou de sexualité infantile en observant les sentiments intenses du petit pour sa famille et ses proches. Plus tard, ces considérations changent radicalement avec l’assimilation de la notion d’inceste. Cette découverte a des effets plus ou moins importants selon la personne.
Pour Vincent Estellon, l’infidélité serait le résultat de la frustration liée à la déception de ses amours d’enfant. Plus tard, la personne transfère ses liens œdipiens vers des figures parentales ou des personnes exprimant l’autorité et l’interdit. La polysexualité est le fruit de la recherche de cet amour d’enfant afin de combler un vide émotionnel prégnant. D’après le psychanalyste, les personnes deviennent des objets de substitution dont on peut changer à l’envi.
Le fait qu’une personne fasse preuve d’une sexualité compulsive signifie en réalité qu’elle a grandement besoin d’amour. Ainsi, le terme « polyamoureux » devient une manière plus soft de dire qu’on est accro au sexe. Avec la présence de nombreuses applications de rencontres avec géolocalisation, les amours pluriels prennent leur envol et deviennent des besoins ou des pulsions au lieu de l’habituel désir. L’obsolescence programmée ainsi qu’un large choix de partenaires disponibles en un seul clic favorise le polyamour. Il suffit d’une discussion érotique et on saute les préliminaires pour finir au lit.
D’après la psychanalyste et auteure Fabienne Kraemer, on devient poly ou mono selon l’éducation à la frustration et la capacité à résister à la tentation. Ceux qui ont été élevés dans la patience et la frustration auront tendance à être monogames. Par contre, les enfants gâtés et égocentriques seront plus attirés par les relations polyamoureuses. Néanmoins, ces analyses ne sont pas immuables. Une personne monogame peut se découvrir des tendances polysexuelles avec le temps. À l’inverse, un poly peut avoir une relation exclusive s’il trouve son âme sœur.
Faut-il affirmer sa « poly-nature » ?
Une personne « poly » vous expliquera ses attentes dès la première rencontre. C’est le plus sûr moyen pour éviter les malentendus. Cette attitude est motivée par le fait que les polysexuels font preuve d’une grande honnêteté à cause de leur mode de vie. Néanmoins, cette attitude peut être problématique au début d’une relation puisque c’est difficile de dire à quelqu’un lors d’un premier rendez-vous qu’il n’est pas la seule personne avec qui vous aurez une relation. Comment lui expliquer la chose ? Vous pouvez vous montrer direct et voir ce que cela donnera. Si cela ne gêne pas l’autre, tout va pour le mieux, sinon il faut mettre fin à la conversation.
Comme c’est écrit sur des assiettes du Mont-Saint-Michel, « s’aimer, c’est regarder ensemble dans la même direction ». Si vous êtes un polyamoureux timide, vous pouvez jouer la subtilité. Le coach en séduction Selim Niederhoffer explique que certains mots tels que « liberté », « plaisir » et « curiosité » glissés habilement dans la conversation peuvent mettre l’autre sur la voie. Une personne « mono » indiquera tout de suite ses limites, tandis qu’un « poly » enchainera la conversation. Pour rassurer l’autre lorsque vous présentez votre statut amoureux, vous pouvez vous montrer rassurant. Expliquez-lui que le « polyamour » est une question d’« amour » et non d’échangisme. Cette situation vous ouvre beaucoup de portes. Vous pouvez par exemple partir en vacances ensemble. Un groupe formé d’ex, de nouveaux ou de futurs partenaires peut passer d’agréables moments ensemble. Seuls certains dogmes n’accepteront pas que vous soyez en couple avec plus d’une personne. Alors, si vous voulez tenter l’expérience, sautez le pas !
