Après une séparation, la question qui nous taraude tôt ou tard, c’est : « où est passé mon sex-appeal ? » Des années de vie conjugale, de batailles de polochons ont souvent eu raison de notre capital charme. Les années ont filé, et n’aurait-on pas perdu en fraîcheur ce que l’on a gagné en expérience. En quinze ans de mariage, on a oublié les codes de la séduction. Comment se remettre à niveau ? Faire bonne impression lors d’un rendez-vous galant au lieu de rougir et de se tasser derrière son col lavallière ?
Se préparer à la rencontre, un sport
Comme le vélo, la séduction, cela ne s’oublie pas. Mais il faut s’entraîner avant de viser l’ascension du mont Ventoux. Et notre conjugalité nous a confinée dans une zone de confort où l’on n’a pas relevé beaucoup de défis. Dans la rencontre amoureuse, il s’agit moins de jouer des coudes, de rivaliser avec d’autres femmes que de retrouver sa sensualité. Danse solo ou en duo, salsa, paso-doble, hip-hop, tango argentin, baladi égyptien… Ce serait la danse qui préparerait le mieux à une nouvelle vie privée. Selon la neurobiologiste Lucy Vincent* « L’une de ses qualités, contrairement à d’autres sports, est sa capacité à stimuler le système de récompense par des endorphines, de la dopamine et de l’ocytocine (le cocktail bonheur) ». La musique, le mouvement, le rythme apportent joie et harmonie, même si on a quinze ans et six kilos de plus qu’avant. Et ce que l’autre percevra en premier lors du rendez-vous, c’est bien cette grâce, cette aisance. Plus que nos rides ou notre look qui pourrait en effet être plus à la page. Dans « premier rendez-vous amoureux », il y a « amoureux ». Pas « concours » ou « compétition ».
Un moment d’adrénaline pure
Mains moites, palpitations, un rendez-vous galant n’est pas un enjeu comme un entretien d’embauche, pourtant on est tout en haut de l’échelle du stress. Surtout si l’on s’apprête à voir un inconnu rencontré sur la toile. Là, il faut passer du virtuel au réel avec une part de risque. L’homme que l’on a déjà croisé dans la vraie vie, au moins on sait quel est son physique, quels sujets de conversation sont les siens. Mais, au fond, que risque-t-on, à part une belle déception ? Le stress, c’est surtout un stimulus, qui accompagne tout changement, que ce soit un déménagement, un voyage ou un rencart… Un déclencheur de la production d’adrénaline, grâce à laquelle on tient sur ces fichus talons de 12 cm et qui nous permet d’afficher un sens de la répartie bluffant. Là encore, la danse nous aide à avoir une attitude de battante, port de tête fier et épaules rejetées en arrière. « Celles qui adoptent une posture de défaite, — bras croisés et dos courbé — libèrent davantage de corticostéroïdes, les hormones du stress » souligne Lucy Vincent. Comment ne plus redouter un premier rendez-vous ? Rien ne vaut l’entraînement : accepter de prendre un verre avec quelqu’un, même si l’on sait que cela n’ira pas loin avec lui. Il faut se roder à l’exercice, répéter, se dérouiller les articulations de la drague. Avec l’expérience, on réalise que l’on n’est pas obligée de raconter sa vie à chaque rencontre, ni les raisons du divorce ni les trois ans de chômage. Seulement des bribes. On peut décider d’être ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. À force de prendre des cafés avec des prétendants, le premier rendez-vous a bientôt l’attrait du dixième, la trouille en moins.
Laisser parler votre expérience
On sort d’une histoire longue durée avec engagement, routine et comptes à rendre. Le moment est peut-être venu de n’attendre rien d’autre qu’une bonne surprise, un moment privilégié. Les grands chantiers de l’existence sont derrière nous, on ne cherche plus l’homme de sa vie. C’est le cœur léger que l’on devrait aborder ce rendez-vous avec un inconnu, si le coup de cœur est réciproque, on jouera les prolongations. Les questions que l’on se posait autrefois, quand on était jeune et inexpérimentée, « je lui dis que je suis gradée au judo ? », « c’est mieux une épilation « maillot brésilien » ou « bikini » ? », « faut-il coucher le premier soir ? » ne nous effleurent même plus. Un divorce et quinze ans de plus, on avance au feeling, moins suspendue à l’avis de l’autre, à son jugement. À quoi voit-on que les années nous rendent plus zen ? Ce qui peut nous tourmenter, dorénavant, ce n’est pas son regard sur nous quand il nous verra nue la première fois mais notre regard sur lui : nu, va-t-il nous plaire ? Saura-t-il nous émerveiller ? Aura-t-on envie de coucher le premier soir ? Pourquoi pas ? Pourquoi remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même ? L’anxiété peut changer de camp, on s’en rend compte avec l’expérience. Lui aussi est peut-être lesté d’une séparation, de quelques angoisses liées à l’âge. Mais il se dira certainement que si l’on a accepté un premier, un dernier verre et plus, c’est qu’il nous plaît. Et vice versa. Alors pourquoi s’en faire, finalement ?
* Faites danser votre cerveau (Odile Jacob)
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