1e idée reçue : La psychanalyse dure des années
De nos jours de moins en moins de personnes se tournent vers la psychanalyse qui paraît désuète dans un monde où l’immédiateté prime, où à chaque problème il faut une solution, où la recherche du « pourquoi » fait place à la recherche du « comment ».
En effet, comment faire pour résoudre une difficulté n’implique pas la même démarche que celle qui consiste à comprendre pourquoi cette difficulté existe. Dans les deux cas, le but ultime est de ne plus se confronter à cette difficulté. Chercher à résoudre un problème sans en chercher les causes prendra moins de temps, certes, mais avec le risque qu’il se manifeste sous une autre forme un peu plus tard. Alors, la psychanalyse qui cherche d’abord les causes des problèmes avant de favoriser leur résolution est une démarche qui est un peu plus longue, mais elle n’est pas censée durer des années !
Le but pour le psychanalyste n’est pas de garder ses analysants ad vitam, mais au contraire de leur permettre au plus vite de retrouver une autonomie dans leur vie quotidienne dans la sphère privée et sur le plan professionnel.
A l’époque de Freud, la majorité des psychanalyses ne duraient que quelques mois, à raison d’une séance quotidienne. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, peu de personnes acceptent de faire plus d’une ou deux séances hebdomadaires. Alors forcément cela prend plus de temps et parfois la psychanalyse dure des années… mais ce n’est pas la norme.
Je dis souvent à une personne qui me questionne sur le sujet, « il vous a fallu des dizaines d’années pour devenir ce que vous êtes, croyez-vous réellement qu’en quelques séances vous allez réussir à changer et à résoudre toutes vos difficultés ? »
Bien évidemment, il ne faudra pas des dizaines d’années de thérapie, mais au moins quelques mois si la personne est prête à s’impliquer. Et le jeu en vaut la chandelle ! ….
2e idée reçue : La psychanalyse coûte beaucoup d’argent
On en vient à cette deuxième idée reçue qui découle directement de la première : la psychanalyse coûte beaucoup d’argent.
En effet, cela peut coûter cher si vous avez mal « négocié » le prix de vos séances, et si vous n’avez pas pris la peine de comparer les tarifs pratiqués par les psychanalystes. La psychanalyse est une démarche personnelle qui n’est pas prise en charge par la collectivité, en cela elle n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale, même si certains psychanalystes qui sont également médecins psychiatres, font des feuilles de soins… ce qu’ils ne devraient pas faire…
Il faut savoir qu’il existe de nombreux psychanalystes, n’ayant pas forcément pignon sur rue, qui sont d’excellents professionnels et qui adaptent leurs honoraires aux revenus de leurs patients.
Peu de gens savent que les psychanalystes peuvent moduler leurs tarifs en fonction des difficultés financières de chacun. Il suffit de demander ! Et si le psy oppose une fin de non-recevoir, rien n’empêche d’aller voir ailleurs !
3e idée reçue : Le psychanalyste ne parle pas pendant les séances
Cette troisième idée reçue se fonde sur une certaine réalité. Il existe effectivement des psychanalystes muets, qui n’ouvrent la bouche que pour dire bonjour et au revoir. Parfois il est nécessaire de se taire pour mieux écouter, pour laisser l’analysant associer librement ses pensées pendant sa séance. Mais parfois l’excès de mutisme peut faire des dégâts.
Si une personne dépressive, voire mélancolique, en plein désarroi, qui vient chercher de l’aide auprès du psychanalyste, se trouve confrontée à un mur glacial et silencieux, elle sera renvoyée à sa propre souffrance et solitude. L’effet sera désastreux, elle se sentira incomprise, ignorée, niée, et considérera la psychanalyse comme quelque chose de néfaste à fuir absolument.
Or le psychanalyste doit pouvoir faire la différence entre une personne qui a besoin d’un soutien et une autre qui a besoin d’une écoute. Il doit être suffisamment souple pour adapter sa pratique en fonction de la personne qui se trouve en face de lui.
Si le psychanalyste ne parle pas pendant les séances alors que vous attendez justement une parole, faites-le-lui savoir. S’il reste sourd, c’est qu’il n’est pas fait pour vous !
4e idée reçue : Faire une psychanalyse, c’est s’allonger sur un divan
On ne s’allonge jamais de but en blanc sur un divan lorsque l’on va voir un psychanalyste !
Avant de proposer au patient de s’allonger sur un divan, tout psychanalyste qui se respecte doit proposer des séances préliminaires, en face à face. Par la suite, ces séances préliminaires se transforment en effet soit en séances sur le divan, soit elles vont se prolonger en face à face dans ce que l’on appelle une psychothérapie analytique, qui peut être la première étape avant le divan… ou pas !
Il peut se passer de nombreuses séances sans que le divan ne soit proposé. En effet, ce dispositif doit être réservé aux personnes qui ont besoin de se défaire du regard du psychanalyste et qui se sentent plus libres d’associer leurs pensées de cette façon. Le divan permet la détente, parfois même la régression, pour faciliter l’accès au contenu inconscient. Mais tout le monde ne supporte pas forcément bien cette forme de lâcher-prise, car cela peut renvoyer à une partie cachée de l’histoire personnelle inconsciente de l’analysant, qu’il faudra au préalable aborder en face à face afin d’en mesurer l’impact sur le vécu de la personne. Si cela renvoie à quelque chose de trop douloureux, la thérapie continuera en face à face et portera ses fruits malgré tout.
Le divan est un outil de l’analyste, en aucun cas une obligation. Si le psychanalyste insiste alors que vous ne le sentez pas, inutile d’insister de votre côté à poursuivre avec lui !
5e idée reçue : La psychanalyse c’est pour les intellos
Cette autre idée reçue a largement contribué au désintérêt pour la psychanalyse de la part du citoyen lambda.
Lorsque l’on va voir un psychanalyste c’est dans la majorité des cas parce qu’il y a une souffrance qui empêche de vivre heureux. Il existe mille et une raisons pour faire une psychanalyse : ce sont par exemple, un sentiment de dévalorisation de soi, une tristesse inexpliquée, un besoin de comprendre ses relations à autrui tels que des échecs sentimentaux ou ses relations avec la famille, une nécessité de relier son histoire présente à son histoire passée et comprendre ce qui se répète, et bien sûr les difficultés d’ordre sexuel qui font aussi partie des demandes d’analyse que les psychanalystes reçoivent.
Ce sont là quelques exemples parmi tant d’autres que la psychanalyse permet d’aborder. Il n’y aurait que les « intellos » qui seraient en droit de pouvoir se libérer de leurs souffrances ? La psychanalyse s’adresse à tout un chacun, car tout le monde peut être capable de parler !
Tout le monde peut être capable d’associer librement ses pensées. Peu importe son niveau d’études, ou son milieu culturel, on est tous capable de raconter ses rêves (« la voie royale de l’inconscient » nous dit Freud) ! C’est au psychanalyste d’expliquer comment faire pour laisser parler son inconscient, et à lui d’aider son analysant à le décoder.
La psychanalyse c’est pour les intellos, mais aussi et surtout pour tous les autres !
Article rédigé par Nadia Graps Tandéo – Psychanalyste, membre du réseau Therapeutes.com.
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